🍫 Interview: entrez dans l’univers exquis du chocolat avec l'isséenne Nathalie Helal
Pourquoi un dictionnaire dédié au chocolat ?
Nathalie Helal : Cette année, nous célébrons les 500 ans de la découverte du chocolat par les conquistadors espagnols auprès des aztèques, lors de la conquête du Mexique. C’était une belle occasion pour consacrer un ouvrage au chocolat ! J’ai choisi d’explorer le chocolat sous toutes ses formes car c’est un aliment fédérateur et passionnant qui draine beaucoup de littérature, d’histoires et d’anecdotes. Ce dictionnaire accessible à tous les amoureux du chocolat se parcourt au gré des envies de chacun, d’A comme Aphrodisiaque à C comme Charlie et la Chocolaterie ou S comme Santé.
Avec cet ouvrage, vous alliez votre passion pour la gastronomie à votre intérêt pour l’histoire. Pouvez-vous partager avec nous une anecdote que vous affectionnez tout particulièrement ?
N. H. : L’histoire est le véritable fil conducteur de mon livre ! J’évoque notamment une anecdote digne d’une comédie de boulevard : en 1664, la reine Marie-Thérèse d’Autriche donne naissance à un enfant noir en présence de Louis XIV. Alors que cette situation suscite l’incrédulité de tous,la première camériste de la reine vole à son secours en disant qu'elle a mangé trop de chocolat. J’ai découvert aussi que le chocolat a servi de drogue à l’époque de l’Allemagne nazie. En 1937, un chimiste invente une drogue, la pervitine, dite aussi amphétamine, censée soigner l’asthme et les troubles de la circulation. À l’époque, on ignore qu’il s’agit d’une drogue, on la voit comme un produit coupe-faim qui procure énergie et confiance en soi. Hildebrand, un fabricant de chocolat, va luimême même produire des pralines contenant des méthamphétamines à destination des femmes au foyer. Les effets sont immédiats : elles ne grossissent pas, n’ont jamais faim et débordent en permanence d’énergie. Le Reich commande des doses massives d’amphétamine, l’armée elle-même en consomme. En 1940, des millions de cachets de pervitine sont distribués aux soldats allemands lors des combats contre les Français !
Pour mesurer la qualité du chocolat, il ne s’agit pas simplement d’évaluer le pourcentage de cacao mais de vérifier avant tout sa provenance.
Pouvez-vous nous dévoiler les principales vertus du chocolat ?
N. H. : Riche en magnésium, le chocolat est un aliment stimulant et antidépresseur, en plus d’être bénéfique pour la santé.
Un mot sur votre parcours professionnel ?
N. H. : Je suis journaliste de presse écrite gastronomique et chroniqueuse sur France Inter et sur France 2, spécialisée dans l’histoire de l’alimentation et la cuisine. J’ai remporté en 2016 le Prix Amuntagui-Curnonsky de la meilleure journaliste gastronomique. Je suis avant tout passionnée par les origines des aliments et la manière dont on réinvente les produits au fil de l’histoire !
Votre dictionnaire fourmille de détails sur les inventions et les légendes autour du chocolat. Sur quelles sources vous êtes-vous appuyée pour écrire cet ouvrage ?
N. H. : J’ai fait beaucoup de recherches en m’appuyant sur de nombreux supports : émissions de radios, livres anciens, ouvrages de recettes etc. J’ai littéralement passé 2 mois jour et nuit, à écrire cet ouvrage qui se veut être un dictionnaire de référence pour tous les amoureux du chocolat !
Je conseille d’acheter moins de chocolat mais de meilleure qualité !
Le chocolat a-t-il toujours bénéficié d’une image positive au fil de l’histoire ?
N. H. : Le chocolat n’a pas toujours été si populaire : à ses débuts, il était considéré comme un produit de luxe, réservé aux aristocrates et à une élite privilégiée. Il s’est ensuite démocratisé à partir de la révolution industrielle avec la création des usines et la naissance de marques célèbres. Le chocolat a pris de multiples formes au fil des années, de la tablette en passant par les barres ou les boissons chocolatées. Malgré l’omniprésence de l’industrie agroalimentaire, les gens aiment de plus en plus se tourner vers les artisans-chocolatiers qui font un travail formidable et savent redonner des lettres de noblesse à un mets délicieux. Pour mesurer la qualité du chocolat, il ne s’agit pas simplement d’évaluer le pourcentage de cacao mais de vérifier avant tout sa provenance. Dans l’idéal, il faudrait lire la liste des ingrédients au dos de la tablette et limiter sa consommation de chocolat chargée en sucre, traquer la lécithine de soja, et privilégier plutôt le chocolat noir. Je conseille d’acheter moins de chocolat mais de meilleure qualité !
Helal Nathalie, Dictionnaire exquis du chocolat, la référence pour tous les amoureux du chocolat, Albin Michel, 2019, 21,90 euros, disponible en librairie