Mis à jour le 28 mai 2024

« Jardin noir » : une exposition réalité de la région du Haut-Karabagh

Dans le cadre de l’année de l’Arménie, découvrez, jusqu’au 30 juin, les photographies d’Alexis Pazoumian sur les grilles du séminaire et sur celles de la bergerie au parc Henri Barbusse. Photographe et réalisateur franco-arménien, son regard d’artiste dévoile la réalité de la région du Haut-Karabagh, enclave montagneuse prise entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Rencontre avec l’artiste.

Point d’Appui : comment choisissez-vous les sujets que vous abordez dans vos documentaires et vos photos ? 

Alexis Pazoumian : Je m’intéresse plus particulièrement aux communautés qui vivent en marge de la société. A chaque fois, de l’Arménie aux États-Unis, et plus récemment en Sibérie, ce sont les notions d’humanité, d’identité, de société que je mets au cœur de mon travail. 

Pd’A : que signifie « Jardin Noir » ? 

A. M. : c’est la traduction littérale du nom Haut-Karabagh ou Artsakh en arménien. Cette terre, majoritairement peuplée d’Arméniens, annexée par Staline en 1921, a été rattachée de force à l’Azerbaïdjan à ce moment-là. Elle est l’arène d’un conflit qui dure depuis la chute de l’URSS et qui oppose l’Etat d’Azerbaïdjan aux 150 000 Arméniens de la région. 

Pd’A : vous avez réalisé « le Haut Karabagh : deux enfants dans la guerre », diffusé sur Arte. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rendre là-bas ? 

A. M. : né en France de parents d’origine arménienne, je suis l’enfant d’une diaspora qui a gardé les stigmates de la douleur d’une réalité niée. J’ai grandi avec les récits de souvenirs de mes grands-parents, de cette Turquie que leurs parents avaient dû fuir. Il y a une dizaine d’années, j’ai ressenti le besoin de redécouvrir le pays de mes ancêtres, ce qui m’a conduit dans les montagnes du Haut-Karabagh, précédant de peu les affrontements violents d’avril 2016. 

Pd’A : Vos photos alternent entre des paysages et des portraits, où transparaît le conflit. Qu’est-ce qui a guidé votre démarche photographique ? 

A. M. : Lors de mon voyage, j’ai vu combien la brutalité de la guerre et son inhumanité avaient touché l’ensemble du territoire, des écoles aux villages, désertés. Avec ce projet, j’ai voulu dépeindre le conflit et les marques qu’il a laissées sur le paysage, et sur les êtres, qui, résignés et résilients, demeurent engagés dans cette lutte pour l’indépendance. Exposition jusqu’au 30 juin, sur les grilles du séminaire Saint-Sulpice et de la bergerie du parc Henri Barbusse. Vernissage le jeudi 20 juin à 18h30, devant la bergerie.