Mis à jour le 29 mai 2024

Quand l’archéologie s’intéresse aussi à la Santé

Dans le cadre des Journées Européennes de l’Archéologie initiées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), le Temps des Cerises invite à partir du vendredi 14 juin à assister à une conférence et à une exposition, dessinées autour de l’archéologie du soin. L’occasion de rencontrer Valérie Delattre, archéologue à l’Inrap et grande spécialiste du sujet.

Point d’Appui : Vous êtes archéo-anthropologue à l’Inrap. En quoi cela consiste ? 

Valérie Delattre : J’interviens dans tous types de contextes funéraires ; j’étudie des squelettes allant du néolithique à l’époque moderne. Le travail de l’archéo-anthropologue est double autour d’une composante biologique (détermination du sexe, de l’âge, de la stature, de la robustesse, des pathologies osseuses…) et d’une composante culturelle : nous étudions les modalités d’inhumation, l’agencement des défunts, la présence d’accessoires vestimentaires, de bijoux, d’armement, le dépôt d’objets personnels dans le cadre de liturgies très variées. 

P. d’A. : Vous allez animer une conférence sur l’archéologie du soin. Le soin est un acte thérapeutique qui peut donc laisser des traces archéologiques ? 

V. D. : L’archéologie est en prise directe avec les sujets de sociétés et nous pouvons questionner le passé avec une grille de lecture très contemporaine. C’est ainsi que se développe une archéologie des migrations, des inégalités sociales, des conflits, etc. Les soins et la santé, tels qu’ils étaient déployés dans les groupes anciens permettent de considérer les états sanitaires, les pratiques médicales et chirurgicales, les pharmacopées des humains, au fil des millénaires. 

P. d’A. :En quoi cette archéologie nous tend un miroir sur nos pratiques du soin aujourd’hui ? 

V. D. : Cette archéologie très novatrice ne doit pas être considérée comme une sorte de cours magistral infligé par le passé. Elle permet de considérer notre quotidien, nos sujets contemporains avec leur résonance ancienne. La gestion de la pandémie du Covid 19 n’est pas sans rappeler la peste bubonique du XIVe siècle. Cela nous montre que nous ne sommes pas les premiers à soigner. Cette recherche permet de parler de solidarité, de fraternité, d’inclusion.» 

Conférence dessinée « Petits & gros bobos : une histoire de l’archéo ». En famille, dès 8 ans. Dimanche 16 juin à 17h. Réservations : www.issy.com/reservation-tempsdescerises Exposition « Archéologie de la Santé ». Entrée libre, du 14 juin au 13 juillet