« Si on prenait enfin la poésie comme un point d’appui »

Point d’Appui : Avenirs, le titre de votre livre interroge. Que signifie ce pluriel ? 

Jean-Pierre Siméon : C’est le propre de la poésie de libérer les mots de leur sens unique et obligatoire, de leur signification prévisible. Avec ce simple « s » j’ouvre la question des possibles et des impossibles…de nos choix. 

P. d’A. : Andrée Chedid, à laquelle vous étiez très lié, a écrit « La poésie multiplie nos chemins », s’agit-il aussi de cela ? 

J.-P. S. : Oui très exactement, Andrée et moi partagions la même pensée fervente de la poésie qui en fait une extraordinaire multiplicatrice de sens, de possibles, de chemins. Il s’agit de sortir « de notre étroite peau », disait-elle, et d’aller vers l’autre, l’ailleurs, l’imprévu. 

P. d’A. : Toute votre œuvre semble témoigner d’une foi inébranlable en la poésie en laquelle vous avez pu voir une « arme miraculeuse contre la mort ». Un poème peut-il changer le cours de l’avenir et comment ? 

J.-P. S. : Un poème à lui seul ne changera pas le cours de l’avenir collectif mais un poème à lui seul peut changer le cours d’une existence, on en a eu des preuves. Il est d’autre part des poèmes qui ont eu un immense écho et un impact historique, par exemple L’enfant n’est pas mort d’Ingrid Junker lu par Mandela, Liberté de Paul Éluard, La rose et le réséda d’Aragon. Mais il y a surtout ce que j’essaye de dire dans mon livre : si on prenait enfin la poésie au sérieux comme un point d’appui ferme et irréductible pour asseoir la conscience, si on ne la considérait plus comme un ornement mais comme un horizon pour la pensée, y compris la pensée sociale et politique, cela, je le crois fermement, pourrait ouvrir à un autre avenir. 

Rencontre-dédicaces : vendredi 20 septembre de 19h30 à 21h Programme complet sur www.issy.com. Renseignements : 01 41 23 82 82 Réservations : www.issy.com/reservation-espacechedid